Le Monde est le Vêtement de l’âme
Guillaume Lavigne a toujours été fasciné par les « natures mortes », mais il préfère le terme anglais « still life » qui lui suggère sans doute que l’objet inanimé possède encore une âme.
Fasciné aussi par les dessins et les peintures de sculpteurs, ceux d’Henry Moore, de Carpeaux, d’Étienne Martin, parce qu’il y trouve un volume, une autre dimension, une sorte d’ouverture plastique que les peintres-peintres n’ont pas.
Est-ce cela qui a déterminé le choix du vêtement – ce vêtement qui implique un dedans – dehors, un caché -révélé – comme sujet de peinture ou objet de représentation ? Ou bien le fait que Guillaume Lavigne a été élevé par sa grand-mère qui avait un atelier de couture où trainaient sans doute quelques«patrons» pour le découpage des tissus ? Les deux probablement, mais qu’importe le prétexte ou le sujet choisi pour peindre, puisqu’il en faut bien un. Et dans la peinture de Lavigne ce sujet est vite oublié pour ne voir que pure peinture, somptueuse, débarrassée de toute intention extérieure à elle, de toute symbolique, métaphore ou narrativité, etc. qui viendrait émousser son extrême acuité plastique et poétique.
Il y a dans les vêtements de Guillaume Lavigne une interrogation sur l’Être, sur sa présence-absence. Il aime cette citation de Pascal Quignard «Les vivants ne sont pas des ombres. Ce sont peut- être des morts enveloppés de vêtements et qui brillent.» Il aime aussi le vin de Graves, les huîtres fines de claires, les musiques de François Couperin et de Thelonious Monk…
Le vêtement, ici, est le sentiment du monde qui nous entoure.
Pierre Souchaud